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حوار جريدة ليبراسيون مع الدكتور عبد الرحيم الشعيبي

 

Abderrahim Chîibi, médecin à Tiznit :
«80% des maladies sont dues à des causes environnementales évitables»
Parmi les sujets débattus lors du colloque que le Club de la presse de Tiznit a organisé dernièrement sous le thème :
«La presse, partenaire primordial dans la question environnementale et le développement durable »,


 
figure celui des dégradations des écosystèmes et leurs conséquences sur
la santé. Dans cet entretien, nous abordons succinctement avec Abderrahim Chîibi, médecin et chercheur dans le domaine de l’environnement et de la santé à Tiznit, la question de l’impact négatif sur la santé de certaines formes de pollutions d’origine humaine.
Libé: Voulez-vous nous parler de la relation entre l’environnement et la santé des populations ?
Abderrahim Chîibi : Cette relation est étroite.  L’environnement a une forte influence sur la résurgence et la fréquence d’un ensemble d’affections sanitaires. Parmi ces maladies, il y a celles qui constituent inévitablement le corollaire de catastrophes naturelles (inondations, séismes, …etc). Mais, une grande partie est imputable directement à la dégradation  de la qualité de l’environnement où évolue l’individu. Il n’est pas ainsi étonnant, s’il  se trouve que 80% des maladies sont dues  principalement à  ces causes environnementales évitables. 33% d’entre elles affectent les enfants de moins de 5 ans. Et plus de 13 millions de décès dans le monde sont attribuables à cet état de l’environnement immédiat de l’homme.
Quelles sont les affections engendrées par les déséquilibres des écosystèmes dus à  des interventions humaines ?
La pollution entraîne généralement une série de maladies. Pour ce qui est de la pollution hydrique causée par les déchets humains, animaux ou chimiques, on cite entre autres, des maladies comme le choléra, le paludisme (malaria), la diarrhée, la dysenterie  … ainsi que  celles liées à la présence de certains métaux  nocifs comme le plomb,  les nitrates,  pesticides … déversés  dans l’eau par le biais  des activités industrielles ou agricoles. Pour ce qui est de la contamination de la qualité de l’air, cela est à l’origine de l’apparition de maladies respiratoires qui se manifestent par le développement chez l’individu d’allergies aux polluants de l’air  comme le monoxyde et le dioxyde  de carbone, le dioxyde de soufre, l’oxyde d’azote, l’ozone, etc. Ce qui se traduit par les altérations de la fonction respiratoire et l’accroissement de la sensibilité et l’irritation de la bronche, de même que celle   des muqueuses et voies respiratoires. L’asthme,  généralement qui englobe l’ensemble des maladies pulmonaires obstructives chroniques, en est la manifestation   maladive la plus courante, notamment dans les grands centres urbains où la qualité de l’air laisse à désirer en raison de la pollution automobile et industrielle. A cela s’ajoutent aussi des maladies cardiovasculaires ainsi que le saturnisme, une maladie qui provoque des troubles irréversibles du système nerveux chez les enfants.
Faute de traitement technique des ordures ménagères dans  la province de Tiznit  où l’on ne compte aucune décharge contrôlée, on recourt à l’incinération quotidienne de celles-ci dans des « réceptacles» sauvages .  Quel risque cela peut-il induire ?
C’est vrai que Tiznit pâtit de cet état de fait. D’abord, le lixiviat, ce jus de poubelle  très nuisible  issu des  décharges, pénètre les sols et pollue  les nappes phréatiques. Une tonne par exemple de déchets produit entre 200 à 400 litres de ce liquide. Par ailleurs, ces dépotoirs sauvages d’immondices collectives, offrent des conditions très favorables aux maladies vectorielles, dont les premières victimes sont les éboueurs qui font la collecte des déchets et aussi les chiffonniers qui récupèrent les objets recyclables  pour les vendre, de même que les animaux sauvages et domestiques qui viennent y chercher leurs pitances. A la  tête de ces affections les plus familières,  le  choléra et la malaria. L’incinération en pleine nature qui est un mauvais procédé de se débarrasser  de ces résidus, produit des fumées toxiques qui contiennent des métaux nocifs comme le plomb issu des réactions chimiques déclenchées par les chaleurs. D’où la nécessité de l’éradication de ces foyers de nuisances et leur remplacement par des décharges contrôlées, assujetties aux règles techniques requises en matière de traitement des déchets. Surtout que les villes de Tiznit et Tafraout, par exemple,  connaissent  actuellement des démographies galopantes, d’où l’acuité de cette problémation dans un proche avenir.
Et qu’en est-il des déchets médicaux générés par les hôpitaux et autres centres de santé de la province ?
C’est un autre problème, mais particulier en raison de la nature des ordures. Si l’hôpital de Tiznit est lié par une convention à une société privée chargée du ramassage et du traitement de ces déchets médicaux, au niveau des cliniques privées et dans les centres de santé et dispensaires des différents districts de la province, ces ordures finissent dans des décharges sauvages où sont  jetés également les déchets ménagers. Ce qui n’est pas sans tirer à conséquence. En raison des risques encourus par les manipulations dont peuvent être l’objet ces résidus particuliers de la part de certaines personnes qui en ignorent la dangerosité. Il suffit de prendre le cas des seringues utilisées et qui sont récupérées pour d’autres usages,  avec de grands risques de contamination.
Quelles précautions peuvent être alors prises ?
Par exemple, en dotant ces structures sanitaires d’une machine peu coûteuse pour débarrasser ces seringues de leurs aiguilles. Ou tout au moins, prendre  les précautions de les protéger avant leur rejet. Pour ce qui est des ordures médicales en général, on pourra penser à organiser leur collecte au niveau de toutes les structures sanitaires de la province avant de les acheminer vers l’hôpital central de Tiznit pour leur traitement.
Pouvez-vous nous dresser un bilan de la qualité de l’environnement dans la région de Tiznit ?
Personnellement, je pense que le seuil de l’intolérable  n’est pas encore atteint, quoique certaines maladies comme la fréquence élevée de l’asthme,  laissent déjà incriminer la pollution de l’air. Certes, Tiznit ne souffre pas actuellement de pollution de l’air avec la même acuité dans d’autres villes. Avec une seule unité industrielle (usine de plastique) qui s’y trouve, les rejets industriels dans l’atmosphère sont minimes. A part sa décharge qui commence à poser problème. Sauf qu’il ne faut pas baisser les bras. Tiznit est promue à connaître des évolutions au niveau de sa démographie et à devenir un pôle d’attraction économique dans la région. Son tissu industriel,  avec la mise en place, prochainement, d’une zone industrielle, s’étoffera sûrement, outre le développement des activités sectorielles. Tout cela aura par conséquent un impact sur la qualité de l’environnement. Et des pressions se feront inéluctablement sur les ressources en tous genres. Donc, il vaut mieux anticiper tout cela et donc réagir pour éviter les dégradations écologiques qui s’ensuivront.

 

Samedi 1 Mai 2010

ENTRETIEN REALISE PAR IDRISS OUCHAGOUR